Si vous décidez de passer un week-end en Normandie, il serait dommage de passer à côté de l’un des trésors du patrimoine de la région : le Haras national du Pin. Désiré par Louis XIV, édifié sous Louis XV, le Haras jouit d’une histoire riche et mouvementée qui lui confère sa grandeur et son charme actuel. S’il ne fallait choisir qu’un unique site à visiter en Normandie, ce serait sans conteste le Haras national du Pin où vous pourrez en découvrir énormément sur le monde du cheval, le temps d’un week-end en Normandie.
Louis XIV fonda son haras personnel à Saint–Léger-en-Yvelines, à proximité de Saint–Germain–en–Laye. Malgré le prestige qui lui était associé et des investissements financiers importants, la production ne sembla jamais offrir de résultats satisfaisants : les terres cultivées se révélèrent peu fertiles, les parcs trop espacés et les chevaux de faible santé. En 1714, le roi confia donc à son grand Écuyer, François Gédéon de Garsault, le soin de trouver un endroit plus favorable à la production de chevaux. Après avoir porté son attention sur la forêt de Brotonne, aux environs de Rouen, son choix se fixa sur le Buisson d’Exmes, près d’Argentan. Cette terre fut sans tarder étendue à la seigneurie du Pin appartenant au conseiller d’État Béchamel de Nointel qui consentit à échanger son domaine contre d’autres biens situés en Picardie. Le 2 avril 1715, le transfert de l’ancien haras royal de Saint–Léger-en-Yvelines vers le Buisson d’Exmes était ordonné. |
De 1715 à 1736, l'édification du haras va être entrepris par deux architectes de renom au cœur d’un domaine de 600 hectares. L’édification du Haras semble s’être déroulée en deux temps puisque, si le château fut édifié entre 1719 et 1724, le transfert dès 1717 du cheptel de Saint-Léger, composé de 200 chevaux, laisse à penser que les grandes écuries étaient déjà terminées à cette date. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, sur le plan de Desessart, daté de 1807, qu’apparaît l’ensemble des bâtiments nécessaires au parfait fonctionnement du Haras, témoin de l’architecture classique du Grand Siècle. |
La création du Haras royal répondait à une volonté et un besoin : produire des chevaux les plus performants pour les transport, le travail agricole, la cavalerie militaire et la cour de Versailles. Ainsi, l’activité principale du Haras consista à sélectionner les races et à produire des chevaux dont les plus beaux étaient destinés à la reproduction. Les dernières années de l’Ancien Régime, entre 1784 et 1789, furent marquées par la direction efficace du Prince de Lambesc, Grand Écuyer du roi et surintendant de l’administration de ses haras réorganisés en 1764. En effet, par arrêt du Conseil du roi du 11 décembre 1784, la capitainerie du Haras d’Exmes était supprimée, le Grand Écuyer assurant la direction de l’établissement. Dès lors, le Haras royal fut consacré exclusivement à la reproduction pour la province de Normandie. À la veille de la Révolution, le haras du roi regroupait 196 étalons. En 1790, on dénombrait 40 poulains et pouliches, dont une majorité de poulains de lait, témoignant du formidable dynamisme de la production. Cet effectif était complété par 132 chevaux, dits « chevaux approuvés », appartenant à des particuliers, répartis sur l’étendue de la province de Normandie composée des actuels départements de l’Orne, Calvados, Manche, Eure, Seine-Maritime, Sarthe et placés sous le contrôle de l’inspecteur de l’Administration des Haras. |
L’Assemblée Constituante décréta le 20 janvier 1790 la vente des étalons du Pin, mais, grâce à une pétition du conseil du département de l’Orne qui souhaitait la conservation du Haras, un dépôt de 40 étalons y fut maintenu jusqu’en mars 1793, date à laquelle la vente des étalons devint inéluctable.
Après une période d’incertitude, le décret impérial du 4 juillet 1806 rétablit les Haras et les dépôts d’étalons. Par ailleurs, il était urgent de repeupler les écuries : juments normandes, pur-sang anglais appréciés pour « leur figure et leurs jambes », et le rapatriement, en janvier 1814, du cheptel du haras de Borculo, situé dans les anciennes terres hollandaises annexées par l’Empire et anéanti par les campagnes napoléoniennes, vinrent remplacer les chevaux âgés, malades ou disparus.
Le Haras du Pin retrouvait sa fonction et amorçait le rayonnement qu’il devait avoir pendant près d’un siècle sur l’ensemble de la production chevaline française. |
Après la chute de l'empire dont il reste quelques symboles à découvrir pendant la visite, le Haras du Pin redevint Haras national. Site emblématique et leader du réseau des Haras nationaux puis de l'Institut français du cheval et de l'équitation (issu du regroupement entre les Haras nationaux et l’École Nationale d’Équitation – Cadre Noir de Saumur en 2010), le Haras national du Pin a évolué dans ses missions et ses activités. Les bâtiments historiques trônent toujours au milieu du Domaine et ont été complétés par des travaux et aménagements permettant de valoriser au mieux le site qui malgré ses 300 ans a su resté moderne.
Le Haras national du Pin s’est désormais ouvert au public tant pour la visite du coeur historique que pour la découverte des écuries, de la sellerie d'honneur, des remises de véhicules hippomobiles... Le temps d’un week-end en Normandie, découvrez l’un des lieux emblématiques du patrimoine normand : le Versailles dans lequel on y trouve toujours son Roi, LE CHEVAL !
Copyright GRAHAL (texte rédigé pour le parcours-découverte de l'écurie n°1, espace muséographique ouvert depuis avril 2006)
Photos : "Louis XIV à cheval", Houasse, RMN-DR, "Robert de Cotte", Rigaud, RMN G.Blot/H.Lewandoski, "Charles-Louis de Lorraine, Prince de Lambesc" ; grille d'honneur du Haras, HN-DR.
Découvrez notre Galerie de cartes postales anciennes de la collection de Tanneguy de Ste Marie (copyright : coll.T.deSte-Marie).
L'histoire du Haras national du Pin en images